MORT OU VIF, JE SUIS UN SURVIVANT
Dead Or Alive est le paravent qui dissimule une personnalité hors du commun: Pete Burns, un ovni dans le rock anglais, vivant en marge des modes et courants nouveaux qui secouent les années 80. Il a imposé une nouvelle image de diva masculine, inspirant autant la fascination que la répulsion chez ses admirateurs. |
Pillé par tous les nouveaux chantres de l'ambiguïté: Culture Club, Marilyn, il déclare: "Sans moi, il n'y aurait jamais eu Boy George", son succès tardif l'a injustement relégué aux rangs des suivistes par le grand public et une presse mal informée. Difficile à cerner, ce personnage a devancé toutes les tendances des années 80, vivant aux confins du transformisme, il apparaît comme une sorte de monstre sacré entre La Belle et La Bête, jouant de son physique extraterrestre de colosse efféminé. En fait, Pete Burns a longtemps été un alien, engendré par le boom du nouveaus on de Liverpool en 1979, un chanteur à part, reflétant les grands courants de l'époque |
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NIGHTMARES IN WAX Au départ, chantre d'un underground post-punk macabre, il est devenu une sorte de Sylvester anglais, mêlant muscles et make-up sans autre ambiguïté que la fascination de la bête. Liverpool est redevenu à la pointe du rock anglais, après avoir enfanté les Beatles, la ville sombra dans l'oubli. Depuis, ravagée par la crise économique, elle a cessé d'engendrer des footballeurs, 1978-79 vit l'apparition d'une vague néo-psychédélique: Echo & The Bunnymen, Wah! Heat, Teardrop Explodes, Modern Condalek I et de petits génies de la pop synthétique comme Orchestral Manoeuvres In The Dark ou China Crisis. Mais dans la sombre obscurité des usines délaissées, elle accouche de Nightmares In Wax (les cauchemars de cire) avec, à sa tête, un jeune éphèbe aux cheveux longs et tressés, lentilles de contact noires et une multitude de gris-gris et bijoux sur des tenues aussi improbables que variées et colorées. Leur musique, bien que dégagée du punk, en a gardé l'insolence et la sauvagerie, une rythmique tribale soutient un chant menaçant et des guitares lancinantes. Il s'en dégage une ampleur lyrique rarement atteinte qui n'exclut pas l'envie de danser, Pete est à l'image de son look et de sa musique, rebelle, inquiétant et mystérieux, il est une injire à la rigueur et à la froideur des jeunes gens modernes de cette époque, une projection future des frasques à venir de World's End et de la Batcave. il a toujours déclaré n'avoir aucun intérêt à suivre l'image en vigueur, préférant être l'original plutôt que la copie. Nightmares In Wax restera un groupe culte, aussi insaisissable que les trous noirs qui servent de regard à Pete, néanmoins, ils enregistrent un simple sous le nom de "Birth Of A Nation", plus tard réédité sous le nom de "Black Leather", ce dernier titre contient un reprise en forme de couplet de "That's The Way (I Like It)" de KC & The Sunshine Band, qui va faire leur fortune en ce début d'année. Pete avait transformé le texte en: "Maintenant que je suis assez vieux pour savoir ce que j'aime, j'aime les grands mecs bien musclés sur des motos, that's the way uh huh uh huh, I like it", pas de commentaires. Après trois ans d'existence, Nightmares In Wax s'éteint, mais Dead Or Alive naît de ses cendres en avril 1981 avec une formation moins punk-trash rock, grâce à l'apport des claviers. Pete a troqué ses défroques de sorcier commanche ou vaudou pour un costume néo-oriental tenant de Kagemusha, son goût pour l'apparat morbide va lui valoir l'amitié de Bryan Gregory alors guitariste des Cramps et féru de magie noire, qui va lui offrir une collection d'ossements humains et autres gris-gris. Leur premier simple, "I'm Falling", est une grande réussite, il possède une folie gothique qu'amène un orgue psychédélique façon Electric Prunes qui talonne la voix rageuse et fière de Pete. Il semble constater du haut de son narcissisme, une déchéance décadente et jouissive. On ne commence à s'intéresser au groupe qu'à la sortie du deuxième simple: "Number Eleven" où on peut le voir en jeune androgyne pensif, vision plus affriolante pour le public que le monstre sans regard. Assimilé aux nouveaux romantiques, il déclare: "Je pense que la chose 'nouveau romantique' est pathétique; ils voient l'image comme l'être, le paraître est la fin de toute chose. Je ne suis pas un gâteau de mariage. J'ai souffert pour ce que je suis et je me sens amer d'être assimilé à tout ça. Aucun de ces groupes n'a de couilles, de belles gueules qui n'existent pas dans la vraie vie. C'est si sécurisant et cela paraît si vieux." La presse vient de dénicher une langue de vipère, qui n'hésitera pas à dire ce qu'il pense au détriment même de sa carrière; ils ne vont pas se priver de l'interviewer et de polémiquer. Il déclare: "Je veux tuer Ian Mac Cullogh (chanteur d'Echo & The Bunnymen)", à cause de son parti pris psychédélique qui fait rire Pete et de son incitation à la consommation de drogues dures. Pete affirme son individualité et sa témérité: "C'est drôle, avoue-t-il, lorsque je sors dans la rue, tout le monde pense que je suis une fille. Je me suis fait tabasser une fois par des vieux mais cela n'a fait qu'affirmer ma détermination de continuer." Sur scène, il incarne un personnage possédé par sa propre folie, portant sur lui tous les stigmates de son univers. Par sa voix, sa présence sexuelle, il rappelle le Jim Morrison des débuts, en cuir noir; il continue une tradition de bêtes de scènes et de créateurs individuels et de performeurs sans modèle, comme Iggy Pop ou Janis Joplin. SON ALLURE DE DIVA SULFUREUSE On s'en rend compte à l'écoute de la face B de "Number Eleven", où Pete force sur le drame sonore, ce goût de la tragédie le sauve du ridicule, par sa théâtralité, il réfère aux grands fêlés du glitter rock de 1972, comme Alice Cooper, T.Rex, Roxy Music ou Bowie de l'époque Ziggy Stardust. Aux USA, il aurait été un des monstres de la Factory d'Andy Warhol ou une créature infernale des films de John Waters. "Je vis une seconde enfance. Je veux jouer. C'est le seul intérêt de la vie. Il faut prendre des risques, il faut de l'excitation, franchir les limites du danger." Nouvelle mutation, ses cheveux fous deviennent des dread-locks de rasta, ses maquillages de zombie des parures féminines outrageuses et hollywoodiennes, plus de gris-gris, ni de lentilles noires, mais des loques de clochard céleste ou de reine abyssinienne. Il a gommé tous les côtés inquiétants de son personnage, au profit d'une image exotique d'homme objet; dès l'hiver 1981, il a le look qui va faire la fortune de Boy George ou de Marilyn. Les phares de l'actualité sont enfin braqués sur lui, Pete Burns va renouveler son personnel, engageant même un violoniste pour la sortie de son premier maxi en février 1982: "It's Been Hours Now". Ce disque est l'apogée du son de Dead Or Alive première époque: longues mélopées incantatoires presque religieuses, voix messianique en forme de litanie qui vous décolle du plancher et vous transporte, comme celle d'un cavalier de l'orage du haut de son rocher. Témoignages de ses concerts, les face B de ses simples, qui en restituent toute la magie et restent ce que Pete a produit de meilleur. Malgré les éloges de la presse et un following culte, Dead Or Alive est boudé par le grand public. Pete est sans doute trop en avance pour conquérir un public en plein techno-pop et new funk, son allure de diva sulfureuse et cynique déroute une Angleterre devenue temporairement sage. On parle d'eux surtout pour leurs shows, comme d'un phénomène de foire, Pete déclare à la presse: "Je déteste le concept même du show... C'est superficiel et faux. moi, je ne suis pas une image construite pour la scène... Je suis moi et je vis tout simplement comme ça." Mais l'été 1982 voit l'arrivée de Culture Club et d'Hayzi Fantayzee qui arborent le même look que Pete, de façon un peu vulgaire et complaisamment commercial, leur succès rapide va mettre fin à la vocation underground de Dead Or Alive. On sent le changement dans le nouveau simple en septembre: "The Stranger", toujours ce rock brumeux et sombre, mais la voix de Pete a gagné en souplesse et en nuances, on a l'impression d'entendre de la variété américaine des années 40. Fini les pochettes floues et sombres, on distingue nettement Pete, avec un parapluie de locks encadrant son visage maquillé à la Grace Jones, en outre il ressemble de plus en plus à Joan Collins. Encore une fois la face B recèle une petite perle: "Some Of That", sa voix est accompagnée d'un beat tribal de percussions en forme de roulements menaçants, en cela il est précurseur de la Siouxsie des Creatures ou de Carmel. Le tournant de sa carrière est sa participation au festival Futurama de Leeds, consécration pour les groupes tournant dans le circuit alternatif. Cette prestation en octobre 1982 va lui appporter un contrat en or chez EPIC pour 8 albums; les maisons de disques ont commencé leur chasse au troisième sexe depuis le succès fulgurant de Culture Club aux USA avec trois hits. Mais Pete garde son intégrité, même s'il pose pour les magazines londoniens: "Si vous êtes aussi extrémiste que ça, vous n'êtes jamais le point d'une attention favorable, vous êtes le point d'une attention dangereuse." J'AI VU UN NOMBRE INCROYABLE DE BITES "J'ai évité de m'exhiber dans ces magazines pour ne pas devenir un des visages les plus en vogue de ma ville. Cela me pose des problèmes parce qu'aujourd'hui, beaucoup de gens me comparent à Boy George ou à Hayzi Fantayzee. Mais j'étais là bien avant eux." Pour sa nouvelle formule, il cesse de donner des concerts, s'enferme en studio et répète pendant six mois le nouveau visage de Dead Or Alive. Il se considère ironiquement comme un survivant et protège sa vie privée des yeux indiscrets. Car le petit chéri est marié depuis l'âge de 20 ans à une jeune coiffeuse du nom de Lynne, qui arbore le même look que lui avec un petit rien de la fiancée de Frankenstein. Ils vivent dans un petit deux pièces à Liverpool en compagnie très intime du jeune batteur de Dead Or Alive: Steve. Détail amusant, Steve et Lynne se partagent les tâches ménagères. Pete semble satisfait de ce triolisme et invite tout le monde à suivre son exemple. Son appartement est une sorte de décord de film d'horreur, à la faveur de l'obscurité, des dépouilles de fauves, 150 animaux empaillés, des squelettes humains, des gris-gris vaudou et des bibelots "magie noire", accompagnent leur retraite. Un journaliste se vit proposer lors d'une interview après la vision de Barbarella, au choix, Deep Throat, un porno hétéro que Pete trouvait ennuyeux, ou Fist Of Fury avec fist-fuckings à l'appui qui l'amusait plus mais qui risquait de tourner l'estomac du journaliste. Leur premier simple chez EPIC: "Misty Circles" est une grande réussite, alliant technologie synthétique, rythmes discos et une violence menaçante dans la voix, le chemin des hit-parades leur est ouvert. On les compare à New Order (ex-Joy Division) qui viennent de subir la même mutation: Dance Music, mais Pete rétorque que l'idée de faire une disco lyrique à base de séquencers le travaillait depuis un an. "Misty Circles" n'aura pas le même succès que "Blue Monday", mais bon nombre de groupes comme Dance Society vont s'élancer sur leurs traces, compromis entre une qualité mélodique et une ouverture sur la danse. Pete devient une star et n'en rate pas une: "Je rencontre des tas de détraqués, qui me montrent leurs fesses et se déculottent devant moi... Et cela tout le temps. Mon Dieu, j'ai vu un nombre incroyable de bites! Il y avait deux mecs qui couraient derrière notre voiture avec leurs pantalons aux chevilles... et ils tombaient au milieu de la route. Je ne sais pas pourquoi mais je suis devenu une autorité dans le domaine des bites... Je dois inciter à ça." Leur nouveau simple confirme leur succès montant: "What I Want", on parle même d'une disco de Liverpool, car Frankie Goes To Hollywood vient de sortir son Relax, pour une fois Pete ne dénie pas leur but commun: faire danser une Angleterre flippée par la crise. Là où il proteste, c'est quand on l'étiquette comme un revival punk de Tamla Motown ou de Stax, les grandes maisons de disques soul des sixties, il préfère penser être une vision glitter et glamour de la musique noire, n'en gardant que les paillettes, l'énergie et certaines reprises. C'est vrai que le beat de ses chansons est trop barbare et guerrier pour être du funk; il traite la musique américaine à la manière d'un Gang Of Four ou d'un New Order, apportant juste un peu de chaleur à son rock dur du nord de l'Angleterre. Sa personnalité gêne, Nick Heward, ex-chanteur de Haircut 100, le descend dans la presse: "Ce mec ressemble à une franche horreur! A-t-il le sida? C'est vraiment de la merde, n'est-ce pas?" Pete lui répond en le coinçant dans un studio londonien, l'aspergeant de quatre extincteurs et l'envoyant à l'hôpital. L'AMBIGUITE GRANDISSANTE DE SON IMAGE Malgré ses looks androgynes, Pete est un géant musclé à la virilité non feinte, il va d'ailleurs se produire sur scène après 18 mois d'absence soit en simple string, mais souvent en maillot féminin de cuir, gants en caoutchouc et lunettes de glacier qui lui donnent une physionomie de mouche. Il déclare à la presse: "Mon image n'est pas un état sexuel, c'est juste quelque chose qui a à voir avec le narcissisme." Sa rentrée sur les scènes s'accompagne d'un nouveau simple promis au succès: "I'd Do Anything". A cette époque, il se produit avec Jayne County, un travesti new-yorkais exilé à Londres, qui a franchi le pas de l'opération chirurgicale. Pete n'irait pas jusque là mais confie à un journal pour adolescents: "Je pense que maman était à moitié effrayée que je m'en aille me marier avec un marin et que je m'enfuis avec lui à Casablanca pour y subir une opération." "I'd Do Anything" culmine dans les charts quand il est rejoint en mars 1984 par sa célèbre reprise de KC & The Sunshine Band: "That's The Way (I Like It)" qui va devenir un tube dans un grand nombre de pays et les consacrer au rang de stars internationales. En plus, il se font produire par Zeus B. Held, pionnier de la techno disco à la fin des années 70, on lui doit la divine et méconnue Gina X, croisement hybride de Cabaret et d'une vision SM, quifit les beaux jours de l'underground gay, ainsi que Fashion. Pour promouvoir son hit, il tourne un clip vidéo en compagnie de jeunes femmes culturistes qui ajoutent encore à l'ambiguïté grandissante de son image, faite de muscles, de make-up et d'une chevelure qui aurait fait craquer la pauvre Dalila. Ses shows sont de spectaculaires mise en scène discos, très professionnelles où la folie débridée d'antan est remplacée par une folie mégalomane et futuriste beaucoup plus axée sur la danse, l'image, sa présence charismatique et sexuelle; à la différence des stars discos, il a conservé un public post-punk, assez violent et participant aux concerts comme à une cérémonie tribale païenne. Pete nous renvoie l'image de nos fantasmes en devançant les looks et tendances extrêmes de notre imaginaire. La dernière étape de ce début de carrière très prometteuse est la sortie récente de son premier album enregistré il y a dix mois: "Sophisticated Boom Boom", contenant ses quatre hits et quelques amusantes digressions pas toujours du meilleur goût, mais de celui du grand public anglais qui le fête depuis six mois. Cet album est très léger, de part sa production, à la fois disco techno et américaine, tant au niveau de ses clins d'oeil à une variété soul et gospel, mais surtout par son atmosphère très hollywoodienne. Pete Burns s'est fait plaisir en intitulant ce premier album comme un hit des si précieuses Shangris-Las, en même temps il a réalisé un rêve: le propulser dans les très fermés charts anglais. Néanmoins, il aurait dû conserver les version 45 tours de ses quatre hits, celles-ci étant moins percutantes et un peu édulcorées. La pochette est une merveille de références à une tradition perdue du star-system glamour: Pete git comme un fauve apprivoisé sur des dépouilles et des peaux de grands félins, lui-même dans un ensemble panthère; un mélange de séduction féminine et de danger. Toutes les nouvelles stars de ce glamour-troisième sexe ont une prédilection pour les grosses mamas noires du gospel, aussi bien Boy George que Pete ont une passion mystérieuse pour les Weather Girls (It's Raining Men et leur merveilleux album: Success), un grand clin d'oeil à une tradition perdue du music hall et du cabaret de qualité, hélas oubliée. L'album est truffé de références aux sixties et aux débuts de la soul: "You Make Me Wanna", "Sit On It", et de gags quasi crooner: "Far Too Hard". Pete se défend d'être un revival de la variété noire américaine, ni un mélange punk-soul; il se réfère à T.Rex de Marc Bolan et à l'interprétation de Bowie de la musique noire américaine de l'époque: Young Americans, Station To Station. "Sophisticated Boom Boom" n'est pas le plus grand album attendu, mais la volonté de Pete de conquérir le grand public; d'ailleurs il a été enregistré bien avant la sortie de tous les tubes, preuve d'un calcul prémédité. Malgré son succès, il supporte assez mal le phénomène d'identification de ses fans et toutes les contraintes du show-business, il ne s'en cache pas dans ses interviews; il fait preuve d'une franchise très sulfureuse et assassine ses congénères. Ses interviews sont des mines d'or de gags: "Je suis allé chez mon dentiste, raconte-t-il, et il m'a eu!!! J'avais besoin de quelques soins et il m'a affirmé qu'il fallait m'arracher une dent de sagesse. J'ai répondu, pas question! Mais il est venu et sans rien dire il me l'a extraite. Le sang a commencé à couler et quand il m'a vu en train d'essayer de le recracher, il s'est mis à crier: "Avale-le mon gars, pense à toute cette bonne chose!". Il soupire: "Que voulez-vous, j'ai toujours attiré les cinglés!" Il refuse de se plier au jeu des pop-stars et révéler ses goûts secrets; n'aime pas qu'on l'identifie aux phénomènes de modes passagères, déteste les gens qui se vieillissent par leur look, comme les jeunes Londoniens de la Batcave et s'amuse beaucoup quand il participe aux grands shows de variétés; pour finir, il espère l'arrivée d'un nouveau mouvement basé sur l'outrage comme le punk, qu'il semble respecter. Maintenant que la porte est ouverte aux androgynes, Pete pourrait devenir le monstre sacré de cette génération car il a conservé son intégrité, ne se déguise pas et il est parfaitement capable de métamorphoser sa musique comme il l'a prouvé maintes fois; il n'est pas un produit manufacturé qui ne durerait pas la décennie. Patrick ROGNANT (Gai Pied Hebdo, 4 août 1984). |
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